17e séminaire Movida
Séminaire mensuel MOVIDA
le jeudi 2 mars 2023 entre 11h et 13h (GMT+1)
Le séminaire aura lieu à distance et en présence dans certains laboratoires MOVIDA (dont à Marseille, au LPED).
1ère communication
« Le déploiement des politiques migratoires pour l’accès aux droits des migrants dans 3 régions du Maroc »
par Marie-Laurence Flahaux
(démographe, chargée de recherche à l’IRD, LPED, Aix-Marseille Université, membre de MOVIDA),
Nadia Khrouz
(docteure en sciences politiques, professeure assistante à l’Université internationale de Rabat, associée au LPED, membre de MOVIDA) et
Ibtisam Ektarabi
(juriste, assistante de recherche à l’IRD-Maroc, LPED, membre de MOVIDA et de l’EDEM)
2ième communication
« Au-delà du récit de l’OIM sur la réintégration durable : Mobilités captives, agencéité migrante indisciplinée et production partielle de connaissances. Le cas des retours volontaires de l’OIM depuis le Maroc »
Sabina Barone
(doctorante en sciences sociales, University College London, membre de MOVIDA)
Résumés des communications
« Le déploiement des politiques migratoires pour l’accès aux droits des migrants dans 3 régions du Maroc »
Il y a dix ans, après avoir mené des politiques très restrictives à l’égard des populations migrantes, le Maroc a adopté une Stratégie nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA), donnant lieu à des programmes nationaux en vue de soutenir l’accès aux droits pour les ressortissants de pays tiers sur son territoire. Plusieurs initiatives ont été prises pour soutenir le processus de régionalisation des politiques migratoires. Cependant, ce qu’un tel revirement a impliqué pour les acteurs chargés de la mise en œuvre des politiques migratoires, en particulier au niveau régional, est peu connu. La recherche que nous avons menée porte sur le déploiement des politiques réglementant l’accès aux droits des migrants dans trois régions du Maroc : Souss-Massa, Béni Mellal-Khénifra et Oriental. Ces régions ont connu des évolutions contrastées de la présence migratoire, et les dynamiques locales autour des questions migratoires diffèrent. Notre objectif était d’étudier le décalage entre les politiques migratoires “sur papier” et leur mise en œuvre sur le terrain, en examinant l’accès à chaque type de droit pour les ressortissants de pays tiers aux divers statuts administratifs. Pour ce faire, nous avons analysé le cadre juridique et réalisés des entretiens qualitatifs collectifs et individuels au niveau des trois régions avec des acteurs institutionnels, de la société civile et de terrain ainsi qu’avec des personnes migrantes. Comme notre recherche était inscrite dans le cadre du programme DEPOMI de l’Agence belge de développement (Enabel) sous la forme d’une “recherche-action”, nous avons également organisé plusieurs ateliers qui, grâce aux échanges, ont permis à la recherche d’être éclairée par la pratique, et à la pratique d’être éclairée par la recherche. Dans cette présentation, nous partagerons notre démarche, ce qui est ressorti au niveau des spécificités de chaque région, ainsi que des résultats concernant le droit à l’identité, le droit à l’asile et le droit à la dignité.
Marie-Laurence Flahaux (démographe, chargée de recherche à l’IRD, LPED, Aix-Marseille Université, membre de MOVIDA), Nadia Khrouz (docteure en sciences politiques, professeure assistante à l’Université internationale de Rabat, associée au LPED, membre de MOVIDA) et Ibtisam Ektarabi (juriste, assistante de recherche à l’IRD-Maroc, LPED, membre de MOVIDA et de l’EDEM)
« Au-delà du récit de l’OIM sur la réintégration durable : Mobilités captives, agencéité migrante indisciplinée et production partielle de connaissances. Le cas des retours volontaires de l’OIM depuis le Maroc »
Dans ce séminaire, je discuterai de certains des résultats de ma recherche ethnographique en mode hybride (19 mois en personne, 19 mois en ligne) avec des migrants d’Afrique de l’Ouest et centrale au Maroc. En particulier, j’examinerai les itinéraires de retour et les trajectoires post-retour d’un groupe des rapatriés de l’OIM que j’ai pu accompagner avant, pendant et après leur inscription au programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) de l’OIM. Les programmes de retour, sont présentés comme étant nécessaires dans le narratif du contrôle des migrations et au niveau de l’assistance humanitaire, sont en augmentation dans le monde. Le Maroc occupe une place significative dans les statistiques mondiales de l’OIM sur les AVRR : en 2020 et 2022, l’OIM Maroc a respectivement été le dixième et le cinquième pays dans le monde à mettre en œuvre des retours volontaires (statistiques de l’OIM, 2021 et 2022). Cependant, je montre que les trajectoires des rapatriés contredisent le récit normatif de l’OIM sur la réintégration durable et la mobilité unidirectionnelle (à savoir, les personnes s’inscrivent à l’AVRR pour rentrer et rester dans leur pays « d’origine »). Les rapatriés s’engagent dans des itinéraires de retour discontinus en optant et sortant alternativement du programme de l’OIM, tandis que la ré-émigration après le retour peut avoir lieu à tout moment. Le résultat est une pluralité de trajectoires de retour, parallèlement au programme de l’OIM. Les rapatriés tissent différentes temporalités et tactiques pour favoriser leurs mobilités et contourner une réintégration non durable. Je discuterai des implications à plusieurs niveaux. Je questionnerai la nature de l’AVRR en tant que politique de retour et la production déséquilibrée de connaissances sur sa mise en œuvre, tout en réfléchissant à l’agencéité des rapatriés, qui se situe au carrefour de la résilience individuelle et du déni politique.
Sabina Barone (doctorante en sciences sociales, University College London, membre de MOVIDA)
Lien Zoom
- https://univ-amu-fr.zoom.us/j/84011377029?pwd=MktNVnh6Vjg3Z2p2V0x4cTFucWptQT09
- ID de réunion : 840 1137 7029
- Code secret : 127851
Coordination
- Delphine Perrin: delphine.perrin@ird.fr
- Marie-Laurence Flahaux: marie-laurence.flahaux@ird.fr